mardi 26 avril 2022

30 - Dix ans dans l'azur

A dix ans je m'abreuvais de nuages en été et m'enivrais de givre en hiver.
 
Je vivais à Warloy-Baillon, un modeste village qui à mes yeux représentait un monde aussi vaste qu'une Babel champêtre. Entre plaine sans fin et chemins de craie, vieux moulin et champs de pâquerettes, espaces semés d'herbes folles et routes bordées de coquelicots.
 
Pour moi c'était la capitale mondiale des jours heureux.
 
Le centre de mon Univers d'enfant. Le lieu de toutes les légèretés, de toutes les merveilles, le pouls haletant d'un éternel présent fait d'aventures verdoyantes et de voyages bucoliques, de bains d'azur et de découvertes sylvestres, de joies éoliennes et de frissons célestes !
 
Un bonheur figé dans une ruralité marquée.
 
Une forme d'éternité forgée par une campagne pleine de papillons, renforcée par la brique sinistre des maisons, prolongée par les bois sombres au loin, éclaircie par un horizon peuplé d'oiseaux...
 
Mais aussi un pays obscur, boueux, lourd, aux sillons rudes d'où sortent la patate et la betterave à sucre. Une terre noire où les hommes cultivent une langue fleurie : le picard.
 
J’avais deux lustres. Je sirotais l'eau qui débordait des gouttières en automne et me grisais de la lumière des pissenlits au printemps.
 
A cet âge, je voyais clair.
 
Le Soleil parfumait le ciel de nuées blanches et mon âme toute bleue brillait, là-bas à Warloy-Baillon.
 
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Qui est Raphaël Zacharie de IZARRA ?

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J'ai embrassé tous les aspects du monde, du gouffre le plus bas au sommet le plus glorieux, de l'anodin au sublime, de la bête au divin, du simple caillou à qui j'ai donné la parole jusqu'au fracas galactique que j'ai réduit au silence devant un battement d'aile. Je suis parti du microcosme pour me hisser jusqu'aux astres, sans omettre de poser mon regard à hauteur de vos boutons de chemise. J'ai exploré les vices les plus baroques autant que les vertus les moins partagées, je suis allé sonder les petits ruisseaux mentaux de mes frères humains mais aussi les fleuves nocturnes de mes chats énigmatiques. Je suis allé chercher le feu olympien à droite et à gauche, m'attardant à l'occasion sur mes doigts de pied. J'ai fait tout un fromage de vos mesquineries de mortels, une montagne de mots des fumées de ce siècle, un pâté de sable de vos trésors. L'amour, la laideur, la solitude, la vie, la mort, les rêves, l'excrément, le houblon, la pourriture, l'insignifiance, les poubelles de mon voisin, le plaisir, le vinaigre, la douleur, la mer : tout a été abordé. J'ai embrassé l'Univers d'un regard à la fois grave et loufoque, limpide et fulgurant, lucide et léger, aérien et "enclumier".